Les couleurs de la Colombie

À la mémoire de Fernando Botero

À gauche : Danilo Cuadros, Vacío Ciego, résine, métal, graphite et laque, 101,60 x 20,32 x 27,94 cm. À droite : Visite du musée d’Antioquia.

 

Pendant la majorité du siècle dernier, Medellín était la capitale des conflits civils en Colombie, à cause du narcotrafiquant Pablo Escobar et du commerce mondial de la cocaïne. Ces dernières années, la violence s’étant apaisée, la ville a repris des lettres de noblesse bien méritées en tant que grande capitale des arts et de la culture. C’est cette réputation naissante qui m’a attirée dans cette ville en mai dernier!

La vitalité de sa scène artistique se reflète dans l’évolution du quartier Comuna-13. Niché entre ville et montagnes et servant de couloir au trafic de drogues et d’armes, il a longtemps été le théâtre de violences. Les factions rivales s’en disputaient le contrôle. Ces groupes ont été expulsés de la zone en 2002 et le quartier est aujourd’hui l’un des plus dynamiques de la ville, avec des murs peints vifs qui occupent toutes les surfaces disponibles. Selon moi, le quartier incarne bien l’art colombien contemporain : une tradition à la fois soucieuse du passé et débordante d’un dynamisme avant-gardiste. Les artistes colombiens contemporains portent en eux l’histoire turbulente et conflictuelle de leur pays. Ils sont toutefois habiles à la transposer dans des formes artistiques à la fois ludiques et incisives.

 

Un mur peint du quartier Comuna-13.
Un portrait de Fernando Botero dans la résidence new-yorkaise de Richard Mishaan.
Photo d’Architectural Digest.
Fernando Botero, Naturaleza Muerta, 1980, fusain sur papier, 63,50 x 48,26 cm.

Un géant du modernisme colombien, Fernando Botero a su donner un style à cette mentalité. L’artiste, récemment décédé à l’âge de 91 ans, évoquait les années de guerre dans un langage ludique de formes rondes et excessives, se moquant habilement des architectes de la violence et révélant l’absurdité de 40 années d’hostilités.

La satire de la corruption gouvernementale occupe toujours l’esprit des artistes contemporains. J’ai eu le privilège de rencontrer Jorge Julián Aristozábal à l’occasion de l’exposition de sa collection Color Press, dans laquelle l’artiste transforme des images de journaux en personnages caricaturaux, méchants ou indistincts. L’artiste Danilo Cuadros, dont j’ai visité l’atelier, préfère porter ses critiques sur sa poitrine, en arborant un t-shirt dont le logo de Coca-Cola est devenu Corrup-cíon. J’ai également visité l’atelier de Gustavo Vélez qui, comme Botero, aime bien intervenir dans la sphère publique avec des installations sculpturales monumentales.  

Robin avec l’artiste Jorge Julán Aristizábal.

 

Jorge Julián Aristizábal, Color Press, acrylique sur papier journal, dimensions variables, 2013-2014.

 

L’artiste Danilo Cuadros dans son atelier.

 

À gauche : visite de l’atelier de Gustavo Vélez.
À droite : Sculpture de Gustavo Vélez chez un client.

La scène artistique colombienne est plus vivante et plus exubérante que jamais. Les hostilités étant désormais contenues, le regard des collectionneurs internationaux et des personnes qui donnent le ton s’est posé sur ce riche paysage.

La collection permanente du musée d’Antioquia, les œuvres de Thomas Ochoa à la galerie Duque Arango et les sculptures publiques de la Plaza Botero sont d’autres incontournables pour quiconque prépare un voyage!

Pour de plus amples renseignements au sujet de l’art colombien ou latino-américain, n’hésitez pas à communiquer avec nous !

 


À droite : Fanny Sanín, Acrylique n°5, 1973.
À gauche : Alessandro Mendini, Monumentino da Casa, 1974, bois et ruban adhésif.

 

 

Thomas Ochoa, Galacia Seiva, poudre à canon sur toile, 238,76 x 358,14 cm. 

 

Sculpture d’Édgar Negret.
Photo de @jorge_sanin_pombo.
Fernando Botero, Ballerine, 1981, bronze, 104,14 cm.

Articles recommandés